Assurance-Vie ou PER individuel ?
La loi Pacte de 2019 a rebattu les cartes et ouvert de nouvelles perspectives d’épargne. L’équipe dédiée aux solutions d’épargne de Gay Lussac Gestion nous éclaire sur les avantages et inconvénients des deux solutions et sur leur complémentarité.
Livret A, Livret de Développement Durable et Solidaire, Assurance-Vie, Plan Épargne Retraite Individuel, les mécanismes d’épargne individuelle se multiplient et ne se ressemblent pas tous. Nous retrouvons les expertes de Gay-Lussac Gestion, Aurélia de la Malène, Directrice générale, Responsable de la Gestion Privée et Associée, et Manon Vigner, relations clients en Épargne Salariale et Retraite, pour nous guider sur les enjeux de ces solutions d’épargne.
Assurance-Vie et PER, alors que les solutions d’épargne se multiplient, comment conseillez-vous vos clients dans leur choix ?
Aurélia de la Malène – Les clients que nous rencontrons côté gestion privée sont souvent soucieux de disposer de solutions d’épargne qui répondent à leurs besoins. Il est difficile de recommander l’une ou l’autre des solutions de manière absolue, sans raisonner de façon individuelle, au cas par cas en fonction du patrimoine financier existant, du patrimoine immobilier, des revenus et des charges, de l’horizon d’investissement, du besoin de liquidités, du besoin de mettre de côté réellement pour la retraite ou bien juste d’épargner, ou encore de l’âge des personnes concernées. Les deux solutions sont en réalité bien souvent complémentaires.
Quelles questions doivent se poser les épargnants avant de choisir un véhicule d’épargne ?
Manon Vigner – Nous leur conseillons de réfléchir à leurs objectifs : est-ce la transmission de leur patrimoine ? la valorisation d’actifs financiers ? un objectif de défiscalisation ? de protection des siens en cas de problème ?
Il est essentiel de se poser les bonnes questions, de lister ses objectifs et le cas échéant de bénéficier de l’accompagnement d’un professionnel pour y répondre.
Pour quelles raisons privilégier un PER par rapport à une assurance-vie ?
Aurélia de la Malène – La raison principale pour alimenter un Plan d’Épargne Retraite est la volonté d’épargner en prévision de sa retraite, mais cela ne doit pas être un élément bloquant. Il faut garder à l’esprit que les possibilités de déblocages anticipés de ces sommes restent nombreuses : l’acquisition de la résidence principale ou encore les principaux accidents de la vie (décès, handicap, maladie). Cela signifie que le PER ne doit pas être uniquement perçu comme une solution pour la retraite.
Manon Vigner – Une de ses vertus est bien évidemment son mécanisme de défiscalisation très intéressant. Les cotisations versées dans un PER individuel sont déductibles du revenu imposable, ce qui permet de réduire l’impôt sur le revenu. Les plafonds de déductibilité peuvent être particulièrement intéressants pour les personnes ayant un taux marginal d’imposition (TMI) supérieur à 30% et constituent une incitation à privilégier le PER comme produit d’épargne et de défiscalisation.
Ce mécanisme n’est pas réservé qu’aux salariés. Il est tout aussi avantageux pour les travailleurs indépendants qui bénéficient d’un plafond de déduction plus important, leur permettant de défiscaliser davantage.
L’assurance-Vie dans ce cas doit être privilégiée pour protéger ses proches ?
Manon Vigner : C’est sans aucun doute une des motivations essentielles, mais attention là aussi le PER permet également de protéger ses proches si l’on choisit une solution de PER assurantiel. Au même titre que l’assurance vie, en rédigeant une clause bénéficiaire, l’épargnant peut désigner un ou plusieurs bénéficiaires en cas de décès.
Aurélia de la Malène – Je réitère ce que nous disions en préambule, avec ces solutions les avantages sont nombreux et tout se cache dans les détails. Il faut donc regarder attentivement sa situation, ses besoins, se faire accompagner et choisir la solution la plus adaptée, voir une combinaison de solutions car encore une fois, cela serait une erreur d’opposer PER et Assurance-Vie tant les deux solutions sont complémentaires.
Est-ce que le PER individuel, dans le prolongement des dispositifs de PER collectif déjà implémentés par de nombreuses entreprises, n’est-il pas une forme de retraite par capitalisation qui ne dit pas son nom, dans un pays historiquement attaché à une retraite par répartition ?
Aurélia de la Malène – Absolument, et c’est une erreur de considérer ce mécanisme de retraite par capitalisation comme un sujet tabou. Ces dispositifs représentent un progrès social. Il ne s’agit pas de remettre en cause le système de retraite par répartition que nous connaissons, mais d’instaurer un système complémentaire, adaptable aux besoins actuels et futurs des épargnants et plus proche de la réalité de leurs situations individuelles.
Manon Vigner : Au-delà des divergences autour de la réforme des retraites, le succès des mécanisme de retraite par capitalisation est indéniable, en témoigne la popularité du produit PER lancé en 2019. Le gouvernement avait comme objectif fin 2022 d’avoir 3 millions d’adhérents au mécanisme de PER, c’est en réalité plus de 7 millions de français qui y ont adhéré. En termes d’encours, l’objectif était de 50 milliards d’euros et c’est près de 80 milliards d’euros qui ont été investis dans les produit PER, tant individuels que collectifs. C’est encore une goutte d’eau par rapport à l’encours de l’assurance vie en France mais cela témoigne d’une prise de conscience et d’une demande croissante des épargnants pour ces mécanismes, qui devraient se renforcer dans les prochaines années.