Les 7 vertus des grands investisseurs : la patience
Par Monocle AM
Jason Zweig, journaliste au Wall Street Journal, a récemment repris une série d’articles dans lesquels il décrivait les 7 vertus des grands investisseurs (que vous retrouverez here). Chacune d’entre elles pourrait faire l’objet d’un billet. Celle qui retient notre attention aujourd’hui, c’est la Patience. Ou plutôt son absence.
Entre les années 70 et aujourd’hui, le temps de détention moyen d’une action américaine est passé de 5 ans à 10 mois. Et encore, on parle de moyenne.
Prenons Tesla : environ 4% de sa capitalisation sont échangés chaque jour. En d’autres termes, largement simplificateurs, cela signifie qu’il y a 4% d’actionnaires qui partent chaque jour, remplacés par 4% de nouveaux. Au bout de deux jours, c’est 8% et ainsi de suite. Après 25 jours tous les actionnaires initiaux ont été remplacés (dans les faits ce n’est pas vrai : certaines actions n’ont pas été cédées – celles d’Elon Musk par exemple – et d’autres ont été échangées plusieurs fois).
Il existe des exemples plus radicaux. Citons Upstart, société intermédiaire pour les prêts à la consommation. Loin d’être une obscure microcap, elle pèse 3 milliards de dollars. 14% de ses actions sont échangées tous les jours depuis début mai : à ce rythme, la liste des actionnaires change totalement en 7 jours. L’exemple n’est pas isolé. Vous trouverez la même chose par exemple chez Carvana, spécialisé dans l’achat/vente de véhicules d’occasion : plus de 4 milliards de capitalisation, dans le rouge depuis son entrée en bourse en 2017 (1,5 milliard de pertes en 2022), et une montagne de dette. 17% de ses actions sont échangées chaque jour. Pour Upstart comme pour Carvana, le cours de l’action a triplé depuis début mai. Il y a comme une odeur de 2021 dans l’air depuis quelques temps.
En 2023 comme il y a 50 ans, il apparaît primordial de penser comme un propriétaire et de se considérer pour ce que nous sommes : des propriétaires d’entreprises avec des savoir-faire, des salariés, des clients… pas quelques pixels sur un écran. Evidemment, cela implique de réconcilier le temps de l’investissement et le temps de l’entreprise : notre travail s’apparente plus à « regarder la peinture sécher », comme disait l’économiste Paul Samuelson (Prix Nobel en 1970), qu’à jouer aux chaises musicales.