Les marchés de taux de la zone euro ont connu ces derniers mois une succession de mouvements contradictoires, reflet d’un environnement macroéconomique complexe et évolutif. De la hausse alimentée par le plan de relance allemand à la détente liée au recul des risques de récession aux États-Unis, les courbes de taux restent sensibles aux vents globaux. Dans cette analyse riche et nuancée, Philippe Ferreira (Kepler Cheuvreux) décrypte les forces en présence et propose une lecture à contre-courant de la tendance dominante.
Alors que certains redoutent une poursuite de la hausse des taux sous l’effet des tensions commerciales et des incertitudes inflationnistes, l’auteur défend une vision résolument baissière à moyen et long terme. Il anticipe un retour des taux swap à 10 ans vers le bas de leur corridor actuel (2,0–2,5 %), voire une rupture durable sous les 2 %, sous l’effet conjugué de facteurs structurels (vieillissement démographique, progrès technologiques, surépargne européenne) et conjoncturels, notamment la faiblesse durable des prix du pétrole.
La dynamique des matières premières, et en particulier la production excédentaire de brut à l’échelle mondiale, est perçue comme un facteur désinflationniste puissant, susceptible d’entraîner des effets de second tour sur l’inflation cœur. Dans ce contexte, la BCE pourrait poursuivre sa politique accommodante en 2025 et 2026, d’autant plus que ses projections de croissance pour la zone euro demeurent faibles.
En parallèle, Philippe Ferreira souligne les opportunités actuelles offertes par les niveaux de taux, en particulier pour les investisseurs à horizon moyen terme, dans une Europe marquée par une consommation faible et un excès d’épargne chronique.
