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Lexique patrimonial

Les définitions claires et précises des termes clés du secteur de la gestion de patrimoine

Clause de préciput

La clause de préciput est un mécanisme juridique en France qui permet à l’un des conjoints, dans le cadre d’un contrat de mariage, de bénéficier d’une partie du patrimoine commun avant même que la succession ne soit partagée avec les héritiers après le décès de l’autre conjoint. Cette clause, fréquemment utilisée dans les régimes matrimoniaux de la communauté légale (communauté réduite aux acquêts), vise à protéger le conjoint survivant en lui permettant de prélever certains biens du patrimoine commun sans avoir à les partager avec les autres héritiers. Elle ne porte que sur les biens communs et s’applique avant le partage successoral, ce qui en fait un outil de protection efficace du conjoint survivant.

Fonctionnement de la clause de préciput

La clause de préciput doit être insérée dans un contrat de mariage ou ajoutée ultérieurement par un acte notarié. Elle permet au conjoint survivant de bénéficier d’un droit de prélèvement prioritaire sur certains biens communs du couple, avant que le reste du patrimoine ne soit réparti entre les héritiers légaux (comme les enfants, par exemple). Ce prélèvement peut concerner des biens spécifiques, tels qu’un bien immobilier (la résidence principale, par exemple), un compte bancaire, ou encore certains meubles ou véhicules. Le choix des biens concernés est libre, et peut être précisé dans la clause elle-même.

L’objectif de la clause est de permettre au conjoint survivant de préserver son cadre de vie ou de disposer immédiatement de certains actifs, sans attendre le partage de la succession. Ce mécanisme est souvent utilisé pour éviter que le conjoint survivant se retrouve en difficulté financière ou contraint de vendre des biens importants, comme la résidence principale, pour honorer le partage avec les autres héritiers.

Par exemple, si un couple marié sous le régime de la communauté réduite aux acquêts a inséré une clause de préciput concernant leur résidence principale, au décès de l’un des conjoints, le survivant pourra prélever ce bien avant que le reste de la succession ne soit réparti entre les héritiers. Ainsi, il ne sera pas obligé de vendre ou de partager cette maison avec les enfants ou d’autres héritiers, et pourra continuer à y vivre.

Caractéristiques de la clause de préciput

  1. Prélevée avant le partage successoral : La clause de préciput permet au conjoint survivant de prélever les biens concernés avant que l’héritage ne soit partagé avec les autres héritiers. Cela signifie que les biens retirés ne font pas partie du lot successoral qui sera partagé. Cette clause vise donc à offrir un avantage au conjoint sans que cela affecte les droits des autres héritiers.
  2. Ne concerne que les biens communs : La clause de préciput ne peut porter que sur les biens communs du couple, c’est-à-dire ceux acquis pendant le mariage et appartenant aux deux conjoints, selon le régime de la communauté. Elle ne peut pas s’appliquer aux biens propres, c’est-à-dire ceux qui ont été acquis avant le mariage ou qui proviennent d’une donation ou d’un héritage.
  3. Pas un avantage matrimonial : Contrairement à certains autres dispositifs (comme la donation entre époux ou la clause d’attribution intégrale), la clause de préciput n’est pas considérée comme un avantage matrimonial. Elle ne constitue pas une avance sur héritage, mais bien un droit de prélèvement avant le partage. Les biens retirés ne sont donc pas pris en compte dans la masse successorale soumise au partage entre héritiers.
  4. Réversible : Tant que les deux conjoints sont vivants, la clause de préciput peut être modifiée ou révoquée d’un commun accord. Elle n’est donc pas figée et peut être adaptée aux évolutions de la situation patrimoniale du couple ou à ses projets.

Objectifs de la clause de préciput

La clause de préciput a plusieurs objectifs, principalement centrés sur la protection du conjoint survivant. Elle permet :

  1. Préserver le cadre de vie du conjoint : En permettant au conjoint survivant de prélever certains biens essentiels, comme la résidence principale ou les comptes bancaires, la clause de préciput protège le conjoint contre une éventuelle situation de précarité après le décès de l’autre conjoint.
  2. Simplifier la transmission : En anticipant certains choix, la clause de préciput peut permettre d’éviter des conflits au moment du partage successoral. Le conjoint survivant bénéficie d’une priorité claire sur certains biens, ce qui peut faciliter la répartition du reste du patrimoine entre les héritiers.
  3. Assurer la stabilité financière : La clause de préciput peut concerner des biens financiers, comme des comptes d’épargne ou des placements, ce qui permet au conjoint survivant de disposer de liquidités rapidement après le décès, sans avoir à attendre la fin des procédures de succession.

Avantages de la clause de préciput

  1. Protection efficace du conjoint : La clause de préciput est un moyen simple et efficace de protéger le conjoint survivant, en lui permettant de choisir et de prélever certains biens avant le partage successoral. Cela peut être particulièrement important dans des situations où la succession implique plusieurs héritiers, par exemple des enfants issus d’une première union, où les intérêts peuvent diverger.
  2. Précision et personnalisation : Le couple peut choisir précisément quels biens seront soumis à la clause de préciput, selon ses priorités et sa situation. Cela permet de personnaliser la protection du conjoint survivant en fonction de ses besoins spécifiques (résidence principale, patrimoine financier, etc.).
  3. Souplesse : La clause de préciput peut être modifiée ou annulée tant que les deux conjoints sont en vie, ce qui la rend particulièrement flexible. Elle peut donc être adaptée aux évolutions de la vie du couple, comme l’acquisition de nouveaux biens, un changement de régime matrimonial, ou une évolution des besoins des conjoints.

Limites et inconvénients de la clause de préciput

  1. Ne concerne que les biens communs : La clause de préciput est limitée aux biens communs du couple, ce qui restreint son champ d’application. Les biens propres (comme ceux acquis avant le mariage ou issus d’un héritage) ne sont pas concernés, ce qui peut poser problème dans certaines configurations patrimoniales.
  2. Risques de déséquilibre successoral : Si la clause de préciput est mal calibrée, elle peut créer un déséquilibre au moment de la succession. Par exemple, si le conjoint survivant prélève un bien de grande valeur avant le partage, cela peut réduire significativement la part des autres héritiers, en particulier si le reste du patrimoine est limité.
  3. Nécessité d’un acte notarié : La clause de préciput doit être inscrite dans le contrat de mariage ou ajoutée par acte notarié. Cela implique des frais et une formalité juridique qui peut être contraignante, notamment pour les couples qui n’ont pas initialement prévu cette clause.
  4. Pas une solution globale : La clause de préciput ne remplace pas d’autres mécanismes de protection du conjoint, comme la donation entre époux ou la clause d’attribution intégrale. Elle doit être utilisée en complément de ces autres outils pour offrir une protection optimale.

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