L’appel de marge est un mécanisme utilisé par les courtiers et les institutions financières pour protéger leurs positions lorsqu’un investisseur utilise l’effet de levier, c’est-à-dire emprunte pour investir. Il intervient lorsqu’un investisseur a acheté des actifs à crédit, souvent via un compte sur marge, et que la valeur de ces actifs chute au point de réduire la couverture nécessaire pour garantir le prêt accordé. L’appel de marge vise donc à limiter les risques pour l’établissement prêteur, tout en incitant l’investisseur à rétablir un niveau de garantie suffisant.
Lorsque vous investissez avec un compte sur marge, vous empruntez de l’argent pour acheter des titres, en utilisant votre propre portefeuille comme garantie. Cela vous permet de maximiser vos investissements en utilisant l’effet de levier. Cependant, ce type de stratégie comporte un risque : si la valeur des titres achetés diminue, l’établissement prêteur est exposé à un risque de perte. Pour se protéger, il impose un « niveau de marge » minimal, qui correspond à un pourcentage de la valeur du portefeuille que l’investisseur doit toujours maintenir en garantie.
Si la valeur de marché des actifs détenus sur le compte chute en dessous de ce niveau de marge minimal, le courtier ou l’institution financière émet un appel de marge. Il s’agit d’une demande pour que l’investisseur dépose des liquidités supplémentaires ou des actifs supplémentaires en garantie, afin de rétablir le niveau de marge requis. Si l’investisseur ne répond pas à cette demande dans un délai imparti, le courtier peut liquider tout ou partie des actifs du portefeuille pour couvrir la dette.
Le fonctionnement de l’appel de marge est relativement simple. Par exemple, supposons qu’un investisseur achète des actions pour une valeur de 100 000 euros avec un effet de levier, en n’apportant que 50 000 euros de fonds propres, le reste étant emprunté à la banque. Si la valeur des actions chute à 80 000 euros, l’investissement ne couvre plus la dette contractée (50 000 euros empruntés) de manière sécurisée. Le courtier pourra alors émettre un appel de marge, demandant à l’investisseur d’apporter 10 000 euros supplémentaires pour maintenir une couverture suffisante.
L’appel de marge peut s’avérer risqué, surtout en période de volatilité des marchés. Si un investisseur n’a pas de liquidités disponibles ou d’autres actifs à ajouter en garantie, il peut se retrouver dans l’obligation de vendre des actifs à perte pour répondre à l’appel de marge. Cela peut entraîner un effet boule de neige : des ventes forcées à perte peuvent accentuer les pertes initiales, surtout si le marché continue de chuter.
L’un des défis avec l’appel de marge est la rapidité d’exécution. Les investisseurs peuvent être sommés de répondre à l’appel de marge dans un délai très court, souvent de 24 ou 48 heures. Si l’investisseur ne parvient pas à réagir dans ce laps de temps, la liquidation des actifs se fait automatiquement, indépendamment des conditions de marché. Cela peut créer une situation difficile où des actions ou des titres sont vendus à des prix bas, souvent dans des conditions défavorables.
En revanche, pour les investisseurs avertis, le compte sur marge et l’effet de levier peuvent offrir des opportunités importantes en termes de rendement. Tant que la valeur des actifs augmente ou reste stable, les gains potentiels sont amplifiés grâce au levier financier. L’appel de marge n’intervient que lorsque la valeur des actifs diminue significativement, exposant l’investisseur à un risque de perte supérieure à ses fonds propres.
Pour limiter le risque d’appel de marge, il est recommandé aux investisseurs d’utiliser le levier avec prudence et de veiller à ce que la valeur des actifs sur lesquels ils investissent soit relativement stable. La diversification du portefeuille, la gestion des risques et l’utilisation modérée de l’effet de levier sont des stratégies couramment employées pour minimiser le risque de ventes forcées dues à un appel de marge.
Certains outils de gestion de risques, comme les ordres stop-loss, peuvent également être utilisés pour protéger un portefeuille contre des pertes importantes, en vendant automatiquement des actifs lorsque leur prix descend sous un certain seuil. Cela permet de réduire l’exposition avant même qu’un appel de marge ne soit émis.
Enfin, il est important de noter que les conditions d’appel de marge varient en fonction des courtiers et des institutions financières, ainsi que des types d’actifs détenus en garantie. Les actifs plus volatils, comme les actions, nécessitent généralement un niveau de marge plus élevé que des actifs moins volatils, comme les obligations ou les fonds en euros.