La décision de l’agence Moody’s de retirer aux États-Unis leur précieuse note de crédit AAA, en pleine période de tension budgétaire et monétaire, n’a rien d’anodin. Si le symbole est fort, c’est surtout le contexte qui inquiète : avec un rendement à 30 ans dépassant les 5 %, au plus haut depuis près de deux décennies, la soutenabilité de la dette américaine devient une source de préoccupation croissante pour les investisseurs.
Dans cette édition d’Ecorama, Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management, revient sur les implications concrètes de cette dégradation et sur ce qu’elle révèle de l’état des finances publiques américaines. L’enjeu n’est pas tant une perte de confiance immédiate — les États-Unis conservent des fondamentaux solides — qu’un changement de perception plus profond sur la trajectoire budgétaire et la capacité du Trésor américain à continuer de financer une dette de plus en plus lourde dans un environnement de taux durablement élevés.
L’analyse met en lumière plusieurs signaux d’alerte : creusement des déficits structurels, coût croissant du service de la dette, affaiblissement de la discipline fiscale à l’approche des échéances électorales… Autant d’éléments qui nourrissent les doutes des agences de notation comme des marchés.
Mais au-delà des chiffres, c’est le message politique qui inquiète : le consensus budgétaire semble s’éroder à Washington, et l’incertitude sur la gouvernance financière américaine pourrait accentuer la volatilité à long terme.

