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Changement de fiscalité pour les LMNP : un coup de frein à l’attractivité de l’investissement locatif ?

La fiscalité des Loueurs en Meublé Non Professionnels (LMNP) s’apprête à connaître un bouleversement majeur à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, suscitant des inquiétudes parmi les investisseurs et les professionnels de la gestion patrimoniale. Ces ajustements fiscaux visent à réduire les avantages jusque-là offerts à cette catégorie d’investisseurs, dans le but de rééquilibrer le marché locatif et de freiner la spéculation immobilière.

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Le statut de LMNP a longtemps été considéré comme une porte d’entrée privilégiée vers l’investissement immobilier locatif. Accessible à toute personne déclarant des revenus locatifs inférieurs à 23 000 euros par an ou représentant moins de 50 % des revenus globaux, ce régime permettait de bénéficier d’une fiscalité particulièrement avantageuse. Deux options fiscales se démarquaient : le régime micro-BIC, avec un abattement forfaitaire de 50 % sur les revenus, et le régime réel, permettant de déduire les charges et d’amortir les biens sur plusieurs années. Ce dernier, en particulier, a attiré de nombreux investisseurs pour sa capacité à réduire significativement la base imposable.

Cependant, à partir de 2025, le paysage fiscal du LMNP va évoluer. L’une des mesures phares annoncées est la réintégration des amortissements dans le calcul de la plus-value lors de la revente du bien. Jusqu’à présent, les amortissements pratiqués sur le bien immobilier n’étaient pas pris en compte dans le calcul de la plus-value, ce qui permettait de réduire l’imposition lors de la cession. Désormais, les amortissements déduits seront réintégrés, augmentant ainsi la base imposable et, par conséquent, l’impôt dû lors de la vente.

Par ailleurs, le régime micro-BIC subira également des modifications, notamment pour les meublés de tourisme. L’abattement forfaitaire, qui était de 50 %, pourrait être réduit, et des contraintes administratives supplémentaires, telles que l’obligation de diagnostic de performance énergétique (DPE), seront imposées. Ces changements visent à limiter les avantages fiscaux accordés aux locations meublées de courte durée, souvent accusées de contribuer à la pénurie de logements disponibles pour la location longue durée.

Ces évolutions suscitent de nombreuses interrogations. D’une part, elles reflètent une volonté de l’État de limiter les niches fiscales et d’encourager une répartition plus équitable des charges fiscales. D’autre part, elles risquent de refroidir l’appétit des investisseurs pour le meublé, un secteur qui joue pourtant un rôle clé dans le marché locatif. En effet, les biens meublés répondent à une forte demande, notamment dans les grandes villes universitaires et les bassins d’emploi, où les jeunes actifs et les étudiants recherchent des solutions de logement clé en main.

Du côté des professionnels de l’immobilier, le sentiment est mitigé. Certains estiment que ce coup de rabot fiscal risque de détourner les particuliers de l’investissement locatif et de renforcer les tensions sur l’offre de logements. D’autres, plus optimistes, voient dans cette réforme une opportunité de redynamiser d’autres dispositifs, comme le régime de la location nue, qui pourrait retrouver un regain d’intérêt grâce à des conditions fiscales potentiellement plus avantageuses.

La réforme annoncée sur le LMNP inquiète beaucoup de mes clients, en particulier ceux qui ont choisi ce dispositif pour ses avantages fiscaux et sa simplicité

Pour éclairer ces changements, nous avons recueilli le témoignage d’un des experts de notre annuaire, conseiller en gestion de patrimoine à Lyon. « La réforme annoncée sur le LMNP inquiète beaucoup de mes clients, en particulier ceux qui ont choisi ce dispositif pour ses avantages fiscaux et sa simplicité. La réintégration des amortissements dans le calcul de la plus-value est perçue comme un véritable coup dur, surtout pour ceux qui comptaient sur une fiscalité avantageuse pour préparer leur retraite. Ces investisseurs se posent aujourd’hui la question de la rentabilité à long terme de leurs projets.

Il pointe également un risque de désaffection pour le marché locatif meublé : « Avec ces changements, certains envisagent de vendre leurs biens, ce qui pourrait à terme réduire l’offre locative. Cela va à l’encontre de la volonté d’apaiser les tensions sur le marché immobilier. En revanche, je conseille à mes clients d’analyser leur situation globale. Pour certains, d’autres dispositifs, comme le LMP ou la location nue, pourraient offrir des opportunités intéressantes. Mais cela demande une réelle expertise pour éviter des erreurs stratégiques. »

Pour les investisseurs actuels, la priorité sera donc de recalibrer leurs stratégies. L’accompagnement par des experts, qu’il s’agisse de conseillers en gestion de patrimoine ou d’experts-comptables, deviendra crucial pour optimiser la rentabilité des projets et éviter des erreurs fiscales coûteuses. Parmi les pistes évoquées, certains envisagent de basculer vers des régimes locatifs plus classiques, tandis que d’autres explorent des investissements dans des biens présentant des niches fiscales alternatives, comme les résidences seniors ou étudiantes.

Si ces changements traduisent une volonté affichée de lutter contre l’optimisation excessive et de sécuriser les recettes fiscales, ils mettent également en lumière une problématique plus large : celle de l’attractivité de l’investissement immobilier en France. Face à une hausse constante des coûts d’achat et une pression fiscale croissante, les investisseurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, pourraient progressivement tourner le dos au marché locatif.

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